mardi, octobre 15, 2024
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Fatma Bououn

Vous la connaissez tous grâce à sa rubrique « Fatma 9albha m3ebbi » sur FAZA et plus récemment « N3ichou w nesm3ou » et vous suivez sûrement son quotidien sur son compte Instagram qui réunit une communauté de près d’un million de followers.
Fatma Bououn nous fait rire, mais surtout réfléchir grâce aux sujets qu’elle aborde sans tabous ni retenue. Elle nous fait ouvrir les yeux en faisant passer le message avec son humour habituel et son langage accessible et compréhensible de tous. Pour Femmes de Tunisie, elle a ouvert son cœur et vidé son sac. Bref, nous avons rencontré Fatma Bououn

Femmes de Tunisie: Peux-tu nous parler de ton parcours et de ta formation
Fatma Bououn : Après mes études secondaires, j’ai fait deux années de génie électrique, et c’était les pires de ma vie parce que j’ai détesté cette branche. L’envie n’y était absolument pas. Tellement que j’ai pris mon courage à deux mains pour annoncer à mes parents que je plaquais mes études en attendant de trouver ma vocation. Pour ne pas rester les bras croisés, j’ai été embauchée chez Téléperformance en tant que téléconseillère et au bout de 6 mois, j’ai été promue manager. À ce moment-là, j’ai décidé de reprendre mes études et j’ai choisi « administration des affaires et management » afin de joindre l’utile à l’agréable.

FDT: Qu’est ce qui t’a poussée à faire des capsules avec Faza et de passer devant la caméra ? Comment t’es venue l’idée ?
FB: Passer devant la caméra a toujours été mon rêve depuis toute petite. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu faire ça ! J’ai d’ailleurs fait 4 ans de théâtre au lycée pour devenir comédienne plus tard, sauf que pour plusieurs raisons, je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. Et puis un jour, lors d’une soirée entre amis, on a abordé le sujet de l’accouchement avec une amie qui était enceinte. Et le sujet me tenait tellement à cœur que je me suis laissée aller à raconter mon expérience d’une manière qui a tapé dans l’œil de Bochra (Bochra Gasmi, rédactrice en chef de FAZA, productrice de Fatma 9albha m3ebbi) qui m’a tout de suite dit que j’avais du potentiel. Et puis, tout est allé très vite : elle me propose une réunion mardi, on tourne la vidéo samedi. Le mardi d’après, le premier épisode de « Fatma 9albha m3ebbi » était déjà en ligne !

FDT: Quelles sont tes sources d’inspiration pour ta capsule ? Comment choisis-tu les sujets ?
FB: Au début, c’était uniquement ce qui me tenait à cœur, ensuite on a commencé à développer des sujets autour de ce qu’on vivait. On voulait aborder des sujets qui réunissent la communauté, on ne voulait surtout pas diviser… L’inspiration c’était moi, mes amis, ma famille, la Tunisie, notre culture, nos traditions…tout ce qu’on vivait au quotidien et on s’est rendu compte que nous avions tous eu pratiquement la même enfance, vécu la même chose, que nous avions le même « type » de mamans…ce qui nous a permis de développer un concept autour de ça.

FDT: Est-ce que tu t’attendais à rencontrer autant de succès et qu’est ce qui te fait garder les pieds sur terre ?
FB: J’étais tellement passionnée par ce que je faisais que j’étais sûre que toute cette énergie allait finir par payer. J’ai toujours cru en moi-même surtout quand je me fixe des objectifs et que j’y mets toute mon âme. Sincèrement, pour « Fatma 9albha m3ebbi », je savais que ça allait marcher mais pas à avoir autant de succès. Les gens ont beaucoup aimé les vidéos et nous ont encouragés ce qui nous a donné encore plus de force et de persévérance pour continuer les capsules. Et même si j’ai rencontré le succès d’un coup, je pense qu’il n’y a aucune raison que je ne garde pas les pieds sur terre. Je fais un travail que j’adore, qui m’inspire et qui m’offre l’amour des gens en retour. Que demander de plus ?

FDT: Depuis peu, tu as une nouvelle capsule avec Faza. Quelle est la différence entre « Fatma 9albha m3ebbi » et « N3ichou w nesm3ou » et pourquoi ce besoin de changement ?
FB: « N3ichou w nesm3ou » c’est la nouvelle capsule FAZA x Fatma qui est complètement différente de « Fatma 9albha m3ebbi » sur la forme et le fond. Par contre, les deux se rejoignent sur le principe et les idées. On est toujours sur du social en traitant de sujets tabous et en braquant la lumière sur les aberrations de la société. À un moment donné, il faut que l’on arrête avec certaines traditions archaïques qui n’ont plus lieu d’être. Chacun a le droit de vivre comme il l’entend, de vivre pleinement sa vie. Ce principe est d’ailleurs le même que dans « Fatma 9albha m3ebbi ». Toutefois, toute chose a une fin et d’un commun accord avec l’équipe de FAZA, on a décidé de l’arrêter pour que ça ne devienne pas itératif. Il fallait qu’on passe à autre chose parce qu’on avait toutes les compétences et les ressources pour faire réussir d’autres projets. Pour cette nouvelle rubrique, je m’inspire des sujets vécus par ma communauté. J’ai près d’un million de followers sur Instagram ce qui correspond à un million d’histoires différentes de Tunisiens, alors autant les partager afin d’en discuter et d’essayer à travers tous ces sujets de briser les tabous.

FDT: Si tu en avais gros sur le cœur là tout de suite, qu’est-ce que tu dirais aux lecteurs de Femmes de Tunisie ?

FB: En fait, je suis mitigée. Oui, j’en ai gros sur le cœur mais en même temps, j’ai envie de parler d’un sujet qui me tient à cœur. Je suis fière de toutes les femmes, et spécialement des Tunisiennes. On est fortes, formidables, exceptionnelles, ambitieuses et on ne se rend même pas compte de la force et du potentiel que l’on a. On est capables d’être une femme active qui réalise ses rêves, une maman, une épouse et de cumuler tellement de rôles à la fois sans rien demander en retour. Par contre, si je dois vider mon sac, c’est à cause de tout le poids que la société nous impose : une fille/femme ne doit pas faire ci, ne doit pas faire ça, arrête de te comporter comme ça, qu’est-ce que les autres vont dire de nous?… Alors, oui, je pense qu’il faut arrêter avec cette mentalité qui ne nous laisse pas avancer pour qu’on puisse se concentrer sur notre potentiel. Récemment, grâce à la rubrique « Small business », j’ai pu rencontrer des femmes entrepreneures- dont la plus jeune n’a que 17 ans – et dont les projets m’ont laissée espérer d’un avenir meilleur pour nous. C’est tout ce que je souhaite !

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